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Secteur bancaire : Vers une plus grande résilience du système

Le secteur bancaire tunisien a connu une crise de liquidité qui s’est traduite par un recours massif au renforcement de la Banque centrale. Le volume de refinancement est passé de 4,5 milliards de dinars au début de l’année 2014 à 14,5 milliards de dinars à la fin du mois de juillet 2019.

Face à cette menace, la BCT a multiplié les mesures pour rétablir l’équilibre. Selon les données fournies dans la revue du secteur bancaire de l’intermédiaire en Bourse Tunisie Valeur, la première mesure prise en juillet 2017, concerne le plafonnement du montant d’appel d’offres à 7 milliards de dinars. En octobre 2018, la BCT a décidé de limiter à 40% la proportion des titres de l’Etat comme collatéral éligible au refinancement.
«D’autres mesures ont été mises en place visant à dynamiser le marché interbancaire dans le but de prendre le relais aux mécanismes de refinancement de la BCT».

Mesures restrictives
En effet, dans l’objectif de contenir l’inflation et de limiter le recours au crédit à la consommation, la BCT à révisé à la hausse son taux directeur à plusieurs reprises. «En 12 mois ( de février 2018 à février 2019), le taux directeur a été révisé à la hausse trois fois pour un total de 275 points de base pour passer de 5% à 7,75%. Ainsi, le TMM est passé de 5,53% en janvier 2018 à 7,83% au mois de juillet 2019».
Concernant le volet du change, le fléchissement observé ces derniers mois des taux de change de deux principales devises est la résultante de la rareté du dinar tunisien suite aux mesures restrictives de la BCT.
Concernant les indicateurs de l’intermédiaire en Bourse, le Produit net Bancaire consolidé des dix banques cotées a enregistré une croissance annuelle moyenne de 13,5% sur la période 2014-2018. «Il est passé de 2.229 millions de dinars au 31 décembre 2014 à 3.702 millions de dinars au 31 décembre 2018».
Par ailleurs, la marge d’intérêt des dix banques cotées a connu une accélération de son rythme de croissance ces deux dernières années. «Notons que l’encours des crédits n’a crû que de 5,1% en 2018 par rapport à 2017 contre une croissance de 24% de la marge d’intérêt, ce qui démontre que la croissance provient essentiellement de la hausse du TMM».

Évolution des crédits
Les crédits accordés à la clientèle des dix banques cotées ont crû à un rythme annuel de 8,9% sur la période 2014-2018 alors que tout le secteur bancaire a enregistré un taux de croissance annuelle moyenne de 9,4% pour la même période. Les crédits octroyés par les banques représentent près de 80% du total des crédits du secteur bancaire.
En outre, le taux de créances classées du secteur bancaire a accusé une baisse de 2,4 points de pourcentage depuis 2014 et c’est l’amélioration du taux de créances classées (TCC) des banques étatiques qui a contribué essentiellement à cette baisse.
En effet, «le TCC des banques détenues par l’Etat est passé de 24,7% en 2014 à 17,8% en 2018, alors que celui des banques privées est passé de 9,8% en 2014 à 10,2% en 2018».
Concernant le taux de couverture de ces créances, «la situation s’est dégradée depuis 2014 et ce sont les banques privées qui ont concouru à cette moindre couverture en faisant passer leur taux de couverture des créances classées (TCCC) de 68,3% en 2014 à 56,9% en 2018».
D’un autre côté, certains experts économiques n’ont pas manqué de rappeler que le système bancaire a montré ses limites et son essoufflement face à la situation économique et au déséquilibre des fondamentaux macroéconomiques après la révolution.
«Ce système bancaire reste un système caractérisé par un paradoxe où il enregistre des bénéfices importants, notamment pour le financement de certains secteurs, tels que l’immobilier en raison des coûts exorbitants qu’il enregistre, sans pouvoir financer de manière efficiente et appropriée les besoins de l’économie ( agriculture, PME).

Restructuration
De même, le système bancaire souffre de la faible taille de ses institutions avec un alourdissement des bilans par des prêts non performants qui entravent l’amélioration des performances et l’efficience de l’activité de financement de l’économie réelle.
La restructuration du système bancaire est fondamentale «pour renforcer sa solvabilité, améliorer sa profitabilité en vue de consolider sa capacité de résilience face à divers chocs, et ce, à travers un ensemble de mesures» que proposent les experts de l’initiative Econ4 Tunisia, à savoir:
-réviser la loi bancaire en recommandant l’augmentation du capital social minimum requis de 200 à 300 millions de dinars
– mettre en place un cadre réglementaire et juridique facilitant le recouvrement et la cession des prêts non performants, ce qui permettra le développement des marchés secondaires dédiés aux prêts non performants.
– orienter les banques à se faire noter et classer par une agence de notation financière
– moderniser le système bancaire ( pratiques, règlementations prudentielles, transparence et diffusion de l’information…).
À l’évidence, «une concurrence bancaire pousserait inévitablement les banques vers des opérations de fusion et de restructuration, ce qui permettrait un renforcement de la solidité du secteur bancaire, un alignement aux normes internationales et une orientation plus axée sur l’ouverture à l’international».

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